Un chiffre interdit l’accès aux podiums. Depuis 2017, toute agence française de mannequins doit s’y plier sous peine de sanctions : l’indice de masse corporelle (IMC) s’est imposé comme filtre incontournable pour exercer dans la mode, avec pour mission affichée de protéger les mannequins des dérives de la maigreur extrême. Paris n’est plus la seule à surveiller la balance : New York, Milan ou Madrid ont adopté des seuils similaires, mais chaque capitale ajuste ses propres règles. Derrière le rideau, débats et polémiques agitent toujours le secteur, les associations, et les médecins.
L’IMC s’est enraciné dans l’univers du recrutement, de la prévention des troubles alimentaires et du suivi du bien-être. Il sert de référence, mais ne s’adapte pas à toutes les singularités physiques. Derrière sa façade de neutralité, il continue d’alimenter les débats, dans les agences comme dans la société en général.
IMC et mannequinat : comprendre un indicateur clé dans le monde de la mode
L’indice de masse corporelle, ou IMC, s’est glissé au centre des discussions sur la santé des mannequins. Cet indicateur, obtenu en divisant le poids (en kilogrammes) par la taille (en mètres) au carré, permet d’estimer l’état nutritionnel d’une personne, sans distinction de sexe ou d’âge. Recommandé par la fédération française de nutrition et l’organisation mondiale de la santé (OMS), il s’est imposé dans le secteur médical et s’est invité sur les podiums.
Pour mieux s’y retrouver, voici comment se déclinent les principaux seuils utilisés :
- Insuffisance pondérale : IMC inférieur à 18,5
- Poids “normal” : IMC compris entre 18,5 et 24,9
- Surpoids : IMC entre 25 et 29,9
- Obésité : IMC égal ou supérieur à 30
Un IMC sous 18,5 signale un risque de sous-nutrition, tandis qu’une valeur trop haute peut annoncer d’autres problèmes de santé, notamment cardiovasculaires. L’OMS préconise de ne pas descendre sous le seuil des 18,5 pour limiter les dangers liés à une silhouette trop mince.
Pourtant, la formule ne livre qu’une partie de l’équation. Elle ignore la masse musculaire, la composition corporelle ou le niveau d’activité physique. Dans le cas d’un mannequin, soumis aux standards du secteur et aux exigences sanitaires, l’IMC reste un repère, pas une sentence. Les médecins du travail s’appuient sur cette donnée pour surveiller l’état de santé, prévenir les risques liés à une maigreur excessive ou, à l’inverse, à une prise de poids inhabituelle.
Prendre en compte l’IMC, c’est choisir un indicateur pratique, mais ce n’est pas tout. L’évaluation globale de la santé d’un mannequin passe aussi par le suivi médical régulier et l’analyse de la composition corporelle.
Quels sont les critères d’IMC attendus pour exercer comme mannequin ?
La France a instauré un cadre strict autour du métier de mannequin, avec une attention particulière portée à l’indice de masse corporelle. Depuis la loi du 4 mai 2017, chaque mannequin doit fournir chaque année un certificat médical délivré par un médecin du travail, attestant que son état de santé, et donc son IMC, l’autorise à travailler. Si la loi ne fixe pas de chiffre précis, elle se réfère à la recommandation de l’organisation mondiale de la santé : maintenir un IMC au-dessus de 18,5, seuil sous lequel la sous-nutrition devient préoccupante.
Dans la réalité, certains castings continuent de sélectionner des modèles en dessous de ce repère. Les statistiques sont parlantes : chez Victoria’s Secret, l’IMC moyen stagne à 17,27 ; des mannequins comme Toni Garrn, Behati Prinsloo ou Gigi Hadid évoluent en dehors des limites médicales recommandées. Par ailleurs, les mensurations pour les défilés restent très strictes : poitrine de 85 à 90 cm, tour de taille en dessous de 62 cm, hanches sous 90 cm. Le rapport poids/taille domine, mais la vigilance du médecin du travail s’impose pour éviter les dérapages.
Calcul de l’IMC : méthode simple et conseils pour interpréter ses résultats
Le calcul de l’IMC s’est imposé comme référence pour estimer le rapport poids/taille chez les mannequins. La méthode est simple : il suffit de diviser le poids (en kg) par la taille (en m) au carré. Prenons un exemple : une personne de 54 kg mesurant 1,75 m affiche un IMC de 17,6 ; en passant à 60 kg, l’IMC grimpe à 19,6. Ces chiffres, soutenus par l’organisation mondiale de la santé, aident à positionner l’état nutritionnel et à repérer rapidement les situations à surveiller.
Voici comment se répartissent les différents niveaux d’IMC :
- IMC < 18,5 : correspond à une insuffisance pondérale
- IMC entre 18,5 et 24,9 : poids considéré dans la norme
- IMC ≥ 25 : signale un surpoids ou une obésité selon le chiffre atteint
La formule ne prend pas en compte la masse musculaire, la masse grasse ni même l’ossature. Une sportive très entraînée peut présenter un IMC assez élevé, sans surcharge pondérale pour autant. La composition corporelle, masse hydrique, répartition des graisses, âge, activité physique, influence aussi la lecture du résultat. Avec un impédancemètre, on peut distinguer la proportion de muscle, de graisse, d’eau et d’os.
L’IMC sert donc de repère général, utile pour un premier dépistage. Pour aller plus loin, il peut être judicieux d’associer ce chiffre à la mesure du tour de taille ou à l’indice de masse graisseuse (IMG). Dans le mannequinat, cette démarche s’accompagne d’un suivi médical attentif : ni extrême minceur, ni excès d’entraînement. Le bien-être ne se mesure pas qu’en chiffres.
Vers une vision plus inclusive : repenser les normes corporelles dans le mannequinat
Longtemps, le secteur du mannequinat n’a juré que par une silhouette unique. Mais le vent tourne. Les risques associés à un IMC faible, carences, immunité affaiblie, ostéoporose, infertilité, anorexie, forcent l’industrie à s’interroger. Les appels à valoriser la santé avant tout se multiplient. Sous la pression des autorités sanitaires et du public, les agences doivent revoir leurs critères.
Limiter la diversité corporelle ne concerne pas seulement une poignée de professionnels : c’est toute une génération qui en ressent l’impact. Un IMC trop bas fragilise l’organisme, accroît les infections, les troubles digestifs et le risque de fractures. À l’opposé, un IMC élevé augmente la probabilité de diabète, de maladies cardiovasculaires, d’hypertension ou d’arthrose. Les conséquences dépassent largement la question de silhouette.
Regardez la réalité en face : la santé ne se résume pas à un nombre. Le mannequinat a tout à gagner à valoriser la diversité des corps, à encourager la pluralité des morphologies et à miser sur la prévention. Cette dynamique, portée par des campagnes mondiales et relayée par la fédération française de nutrition ou l’organisation mondiale de la santé, dessine une nouvelle esthétique, plus humaine et respectueuse de l’équilibre. L’avenir du secteur pourrait bien ressembler à cette diversité assumée, où chaque corps retrouve sa place sur les podiums.


